Culture

La boutique qu'il faut sauver

La boutique qu'il faut sauver

Dans un Lyon rêvé, un tel lieu ne disparaîtrait pas. 
Quiconque a déjà passé la porte du Crépin de Lyon, la boutique de Jacques Baudière, 78 ans, et avant lui, de son père qu'il l'avait reçue de son propre père, comprend: entrer au n° 15 de la rue Tupin, c'est toucher du doigt le 19e siècle. Le décor n'a pas bougé depuis 1895: étagères en bois équipées d'échelles, amoires vitrées qui chatouillent le plafond, meubles de métier polis par le temps et l'ouvrage, murs couleur "127 ans d'existence les amis".

Ce spécialiste des peaux, cuirs, outils et fournitures du cordonnier va fermer le 15 octobre. Personne pour reprendre l'activité, la réinventer et garder cette mémoire bien vivante. Un coup de blanc suffira à balayer cette histoire intime de la Presqu'île, l'un des derniers témoignages sur le commerce de jadis, l'ingéniosité, l'amour du beau, alors qu'un classement express "monument historique", de la devanture mais aussi d'une partie du décor, sauverait ce lien direct et immédiat avec le passé. Comme le réalisateur d'Alice et le maire le fait dire au personnage de Xavier, un imprimeur lyonnais: " Peut-être que faire vivre l'histoire d'une ville pour une mairie, c'est aider, un peu, à faire perdurer encore de la beauté du passé dans la vie des gens." Et pas que dans les musées et les livres. Bah quoi, il n'est pas interdit de rêver.